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LA MIRLITANTOUILLE

lieutenants et leur soumit le texte d’une proclamation adressée « à tous les Français et particulièrement aux Bretons, les invitant à se réunir sous les drapeaux de la Religion et du Roi », déclarant rebelles « les nobles qui oublieraient leur devoir, ceux qui espéreraient rester neutres, et tous les sujets en état de porter les armes et qui ne marcheraient pas[1] ». Il obtint l’adhésion de quarante-et-un chefs royalistes qui signèrent avec lui cet appel aux armes, et parmi lesquels étaient Le Roy, son ancien compagnon de cache dans la forêt du Pertre, Boisguy, Guillemot, Saint-Régent, Boishardy… Une seconde proclamation, destinée aux officiers et soldats de l’armée de la Convention, les engageait à quitter le service « d’une république monstrueuse », et leur spécifiait les avantages de la désertion[2]. Sur quoi, Puisaye, s’étant ainsi manifesté publiquement, laissant toute la Bretagne persuadée qu’elle avait en lui un chef véritablement investi des pleins pouvoirs des Princes et reconnu par le roi d’Angleterre, leur allié, jugea qu’il était temps d’obtenir, si possible, la confirmation de son mandat usurpé. Il se rapprocha de la côte dans le dessein de s’embarquer, tentative toujours périlleuse, « les grèves, les anses, les criques et tout le rivage

  1. La peine de mort était prononcée contre « la rébellion » ; l’article IV enjoignait aux receveurs et payeurs des municipalités, des districts et des départements de ne remettre qu’aux agents royaux les fonds dont ils seraient détenteurs. Toute la chouannerie, la saisie des deniers publics, les arrestations de diligences sont en germe dans cette proclamation, datée du 26 juillet 1794. Une copie de cette pièce est aux Archives de la Préfecture de Police. A A/295.
  2. Cette proclamation est datée du 20 août 1794. Elle promettait la conservation des grades, et aussi des appointements, des gratifications, des améliorations de retraite.