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BOISHARDY

la tête de sa compagnie, explorer ces manoirs mystérieux, à la lisière des grands bois ? Il se contentait de rédiger sans lassitude sa propre apologie, et les cartons des comités s’encombraient de factums portant ce titre pompeux : Vie politique et publique de Malo, Henri, Julien Besné, né à Dinan, le 26 juin 1744, père de treize enfants vivants, ennemi déclaré de tous les abus[1]. Il se flattait d’avoir, en moins de deux ans, fait juger 53 procès criminels, obtenu 48 arrêts de mort, 19 déportations, 48 condamnations aux fers, 6 à la gêne, 27 à la détention, 5 à la réclusion, 20 à la prison avec amende, 32 à l’arrestation jusqu’à la paix… Et ce scélérat de Boishardy lui échappait !

Besné retardait. Depuis trois mois bientôt, la chute de Robespierre avait marqué la fin de la Terreur et si les lois restaient implacables, les palliatifs étaient à l’ordre du jour. Le comte de Puisaye, ayant réussi à reconstituer et à compléter l’œuvre de La Rouerie, pensait maintenant à passer en Angleterre afin d’obtenir du cabinet britannique des armes et des munitions ; il se flattait de décider l’un des princes français à prendre le commandement des légions bretonnes ; il avait hâte aussi de mettre en action la fabrique d’assignats au moyen desquels il comptait achever la ruine de la République, déjà obérée. En sa qualité de général en chef commandant pour le roi l’armée catholique de Bretagne, — tel était le titre dont il se parait maintenant, — il assembla une dernière fois ses

  1. Archives nationales. Même dossier