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LA MIRLITANTOUILLE

biens confisqués[1]. Ce cumul louche effarouchait les honnêtes administrateurs du département ; mais comment soupçonner de péculat, ou même d’indélicatesse, l’homme pur à qui Saint-Brieuc devait la loge de la Vertu triomphante ?

On lança des mandats d’amener contre le châtelain de Bréhand et quelques-uns de ses complices dont on était parvenu à se procurer les noms ; le président Leroux les appela à son tribunal, Besné requit contre eux le châtiment suprême : Boishardy et neuf de ses partisans furent condamnés à mort[2], pour la forme et par défaut, car on n’avait réussi à capturer aucun des accusés. Jamais, d’ailleurs, contumaces ne portèrent plus allègrement si redoutable verdict : Boishardy n’avait même pas quitté le pays : on le voyait partout mais on ne le trouvait nulle part. En vain, durant près d’un an les autorités des Côtes-du-Nord lancèrent à sa poursuite des détachements de troupes ; ceux-ci cernèrent des villages, fouillèrent des châteaux, firent perquisition dans des fermes où l’on supposait que le proscrit pouvait être caché ; on ne découvrît rien. On mobilisa même contre lui vingt-cinq canonniers de Guingamp, pourvus d’une pièce d’artillerie, sous le commandement d’un administrateur du département, Hello[3], mais sans meilleur succès. On mit en arrestation toute la municipalité de Bréhand, et aussi celle de Quessoy, et encore celle de Hénon,

  1. Voir sur ces agissements de Besné : Léon Dubreuil, La vente des biens nationaux dans les Côtes-du-Nord, notamment, p. 303 et 376.
  2. Le 2 avril 1793. Hémon, Comte du Trévou, p. 60.
  3. Aïeul du philosophe chrétien Hello, mort en 1887. (Hémon, Comte du Trévou, p. 61, note 1.)