biens confisqués[1]. Ce cumul louche effarouchait les honnêtes administrateurs du département ; mais comment soupçonner de péculat, ou même d’indélicatesse, l’homme pur à qui Saint-Brieuc devait la loge de la Vertu triomphante ?
On lança des mandats d’amener contre le châtelain de Bréhand et quelques-uns de ses complices dont on était parvenu à se procurer les noms ; le président Leroux les appela à son tribunal, Besné requit contre eux le châtiment suprême : Boishardy et neuf de ses partisans furent condamnés à mort[2], pour la forme et par défaut, car on n’avait réussi à capturer aucun des accusés. Jamais, d’ailleurs, contumaces ne portèrent plus allègrement si redoutable verdict : Boishardy n’avait même pas quitté le pays : on le voyait partout mais on ne le trouvait nulle part. En vain, durant près d’un an les autorités des Côtes-du-Nord lancèrent à sa poursuite des détachements de troupes ; ceux-ci cernèrent des villages, fouillèrent des châteaux, firent perquisition dans des fermes où l’on supposait que le proscrit pouvait être caché ; on ne découvrît rien. On mobilisa même contre lui vingt-cinq canonniers de Guingamp, pourvus d’une pièce d’artillerie, sous le commandement d’un administrateur du département, Hello[3], mais sans meilleur succès. On mit en arrestation toute la municipalité de Bréhand, et aussi celle de Quessoy, et encore celle de Hénon,