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BOISHARDY

franchise, sa générosité et aussi la simplicité de ses manières lui gagnèrent l’affection des paysans de la région de Moncontour où était situé, dans la paroisse de Bréhand, son manoir héréditaire, simple gentilhommière, plus ferme que château, entourée d’un potager et de vergers, mais à laquelle une tour du xve siècle, coiffée en poivrière et de hautes et vastes pièces prêtaient assez noble allure[1].

Boishardy était fils d’un ancien mousquetaire, mort en 1767. Lui-même, lieutenant au Royal-Marine, devenu bientôt le 60e régiment d’infanterie, se trouvait en 1792, en garnison à La Rochelle ; il y prêta le serment civique, mais il se démit peu après et revint en Bretagne, appelé par le marquis de la Rouerie qui lui confia le commandement de la division des Côtes-du-Nord[2]. Boishardy avait alors trente ans ; il recruta activement ; costumé en paysan, en « marchand d’œufs », il courait les foires, endoctrinant les villageois ; son éloquence était si persuasive « que l’on quittait tout pour l’entendre[3] ». La Rouerie mort, Boishardy ne désarme pas ; on est au printemps de 1793 ; la Convention vient de décréter la levée des 300.000 hommes ; avec une témérité insolente, il ameute les gas de Bréhand ; debout sur le mur du cimetière, il les

    5 pieds, 3 pouces, 3 lignes, cheveux et sourcils châtains, yeux bleus, figure ovale. » Archives municipales de Moncontour, communication de M. le docteur O. Sagory, maire de Moncontour.

  1. Levot, Biographie bretonne, V. aussi Geslin de Bourgogne et Barthélemy, Études sur la Révolution en Bretagne, 1858. Ces derniers ont reçu communication d’un manuscrit de M. Ludovic de Foucaud qui avait connu plusieurs des anciens compagnons de Boishardy, notamment Guérin, son aide de camp.
  2. Hémon, le Comte du Trévou, et Chassin, Préparation à la guerre de Vendée, II, 518.
  3. Geslin de Bourgogne, Études, 135.