Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.
318
LA MIRLITANTOUILLE

devenu, en effet, l’agent, l’espion du cabinet britannique, professait pour tout ce qui était français une de ces haines insatiables et sournoises dont sont rongés certains hommes quand ils se savent odieux à tous les gens d’honneur. Insultant les Princes qu’il avait platement adulés, menant contre eux une guerre de libelles, traitant de faussaires, de fripons et d’assassins les plus dignes gentilshommes, Puisaye vivait aux environs de Londres, agité, rancunier, atrabilaire, ombrageux, n’ayant pour amis que des diffamés comme lui : le transfuge Dumouriez, l’aventurier d’Antraigues, le mouchard Prigent dont il hébergeait la famille. Il survécut à tous ; quand, en 1814, Louis XVIII quitta l’exil et rentra triomphalement en France, suivi de toute l’émigration exultante, Puisaye resta seul, bourrelé de rage orgueilleuse, d’amertume, et, — qui sait ? — de remords. Il avait renié la nationalité française et mourut, à Hammersmith, en 1827, sujet anglais.