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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

alors ; on vivait[1] ! » Ainsi des autres, sans doute ; au reste les rancunes personnelles, les dissentiments politiques s’étaient apaisés, par miracle, en 1815, lors de l’invasion prussienne, qui s’étendit à toute la rive droite de la Loire, au département d’Ille-et-Vilaine entier, et à une partie des Côtes-du-Nord et du Morbihan. Depuis Charles VII, les Bretons n’avaient point subi le joug de l’étranger. Ils voyaient sans déplaisir s’avancer ces alliés qui venaient de rétablir le Roi et peu s’en fallut qu’on ne leur fît fête ; mais il suffit de quelques jours pour apprécier à leur valeur ces Allemands rapaces, fourbes, brutaux et cyniques ; toutes les haines disponibles se tournèrent contre eux en une contrition tacite des querelles intestines ; anciens bleus et anciens Chouans s’unirent dans la répulsion de ces ignobles vainqueurs. Pour la première fois les vieux compagnons de La Rouerie et les vieux soldats de la république, les nobles spoliés par la révolution et les jacobins retardataires s’accordèrent et la seule présence des soudards d’Outre-Rhin réalisa une conciliation que n’avaient pu parfaire la modération de Hoche ni l’autorité de Napoléon[2].

On souhaiterait dire sommairement quelle fut la vie de Joséphine de Kercadio ; mais, à dater de son acquittement par le Conseil de guerre, en 1798, elle disparaît de l’Histoire. Elle ne quitta pas le pays de Moncontour, quoiqu’elle s’y sentît peu populaire : les républicains ne lui pardonnaient pas d’avoir été

  1. Préface de P. Delarue aux Mémoires du Colonel Dufour.
  2. V. sur l’occupation prussienne en Bretagne et sur ses résultats, Les Bourbons et la Vendée, par Émile Gabory, p. 10 à 31.