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LA MIRLITANTOUILLE

rurent fusillés. Honorat, en raison de son jeune âge, s’entendit condamner à deux ans de prison. Quand il rentra à Pontivy, en 1803, son père, revenu d’émigration, avait obtenu de reprendre son emploi d’expert-priseur ; il souhaitait vivre en paix avec la République[1], et c’est, sans doute, pour obéir aux conseils de ce sage que Honorat troqua la veste des Chouans pour l’uniforme des vélites de la garde consulaire. Il partit pour l’Épopée, prit part aux campagnes d’Allemagne, d’Espagne, de Russie, de France, fut, en 1815, de Waterloo et, en 1830, de la conquête d’Alger. Il finit chef de bataillon retraité sous le règne de Louis-Philippe.

On suit moins longtemps l’espion Giraudeau ; il s’était retrouvé, complètement nu, aux environs de Quintin, après avoir échappé à la fusillade de l’Hermitage ; des gens charitables lui fournirent des vêtements et il regagna Saint-Brieuc. Amnistié enfin, il retourna dans les Deux-Sèvres, département d’où il était originaire ; il y dut commettre quelque nouveau méfait, car, en 1801, il suppliait le ministre « de lui accorder la vie sauve en considération des services qu’il a naguère rendus à la République[2] ». Il y a quelque apparence qu’il entra, sous un faux nom, dans la police de Fouché. — Dujardin, qui se figurait avoir hérité du prestige de Boishardy parce qu’il tenait, comme le rival de Hoche, les environs de Moncontour, terrorisa la région du Mené jusqu’en 1803. Il ne chouanne pas, il brigande[3],

  1. É. Sageret, Le Morbihan sous le Consulat, III, p. 403, 405.
  2. Archives nationales, F7 6147.
  3. « 28 mars 1801. La bande de Dujardin force le citoyen Viet, de la commune de La Motte, à verser 7.000 francs sous menace d’être fusillé. Viet n’ayant pas cette somme, Dujardin et ses hommes