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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

plateau du Mené, à quelque cents pas de La Mirlitantouille, au cœur de ces landes hantées des souvenirs de ses amis disparus. Il mourut à Trébry, près Moncontour, le 21 janvier 1847[1].

En le cherchant dans les prisons impériales, la Police de la Restauration en avait également exhumé un autre compagnon de La Rouerie et de Boishardy, Rolland dit Justice. Il revint s’établir à Dinan et y passa toute sa vie, qui fut longue. En 1856 ou 1857, il se jeta intrépidement à la tête d’un taureau furieux qui, échappé de l’abattoir, s’était lancé par les rues de la ville. Rolland saisit la bête aux cornes, parvint à la maintenir jusqu’à ce que les bouviers l’eussent entravée ; mais il trépassa de cette prouesse ; il avait quatre-vingt-cinq ans.

Le joyeux Saint-Régent n’eut pas de vieillesse : dès la retraite de Le Gris-Duval, il se rallia à Georges Cadoudal, qui, au printemps de 1800, l’envoya à Paris, en fourrier, avec mission d’étudier la situation. Saint-Régent ne se contenta pas de l’étudier, il voulut « la résoudre » en assassinant le Premier Consul : c’est ainsi qu’il perpétra ce fol et criminel attentat de la machine infernale qui épouvanta Paris et déconsidéra la cause royaliste. Saint-Régent monta, le 21 avril 1801, à l’échafaud de la place de Grève où devaient le suivre, trois ans plus tard, Georges Cadoudal et onze de ses Morbihannais. Le fidèle Mercier-la-Vendée ne fut pas de ce dénouement ; revenant de la côte de Saint-Brieuc, le 20 jan-

  1. Communication de M. le docteur O. Sagory, maire de Moncontour. Je ne saurais trop remercier M. le docteur Sagory de l’inépuisable complaisance de son érudition sur tous les points concernant Moncontour et sa région. Il voudra bien trouver ici la vive expression de ma gratitude.