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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

mais mal noté[1], il supportait à contre-cœur son inaction et plus malaisément encore la surveillance chicaneuse des espions du gouvernement. En mai 1803, son dossier à la Police s’agrémentait de rapports peu favorables : — « Caractère violent, sans fortune, toujours au café ; la présence de Carfort, fameux par les pillages de diligences, les vols et les assassinats, est un objet d’horreur pour les hommes attachés au bon ordre. Traduit deux fois, depuis son amnistie, à la police correctionnelle, il a été condamné récemment à cent francs d’amende pour excès commis contre un particulier, à Moncontour, où il s’était rendu sans autorisation. L’éloignement de cet individu est désiré par les autorités[2]. » C’était le perdre. Le Grand Juge inscrivit en marge cette recommandation : — « L’arrêter, le constituer prisonnier en maison forte. » Et Carfort fut escamoté, comme on l’était en ce temps-là, quand on ne comptait point parmi les amis du gouvernement, c’est-à-dire que, tant que dura l’Empire, nul n’entendit plus parler de lui ; nul n’osa se risquer à s’informer de son sort. Dans quel in-pace, dans quelle oubliette était-il enfoui ? Ses parents eux-mêmes ne le surent jamais. En 1814, au retour des Bourbons, sa famille se hasarda cependant à mendier quelques renseignements. L’Administration de la Police royale entreprit des recherches et ne trouva rien[3]. Enfin Carfort fut découvert dans un cachot du Château d’If

  1. « Détestable sujet ; Georges lui-même a failli le faire fusiller pour ses excès. » Rapport du Préfet du Morbihan, 16 nivôse, an XII. Archives nationales, F7 6381.
  2. Archives nationales, F7 6381.
  3. « Les recherches faites ne permettent pas de satisfaire entièrement à cette demande ; on prie la famille de compléter les renseignements. » Archives nationales, même dossier.