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LA MIRLITANTOUILLE

tour de La Ville-de-Lait, en Saint-Gouëno. Il y a quelque cinquante ans cette galerie, datant évidemment des temps féodaux, était encore praticable sur une centaine de mètres[1].

Depuis sa mise en liberté par Besné, en octobre 1798, Le Gris-Duval, sous le coup d’une condamnation à mort, n’avait pas reparu à Bosseny. Sa femme, ainsi qu’on l’a dit, revenue de son séjour dans les prisons de La Force, restait détenue à Rennes, en attendant une nouvelle mise en jugement. Le jeune Hervé Du Lorin et Jacques Villemain, les deux témoins de Boishardy, partageaient sa captivité[2]. Le général Hédouville commandant alors les armées de l’Ouest, grand pacificateur[3] et muni, depuis le 18 brumaire, des instructions les plus conciliantes, ordonna de suspendre « toute poursuite pour faits de chouannage et de mettre en liberté les individus arrêtés par mesure de sûreté générale, sans motif nettement défini ». Mais Rouxel, accusateur public du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, ne consentait pas à lâcher ses prévenus. Il regimba ; fut saboulé de belle façon[4], et

  1. Renseignements communiqués par M. Colleu, ancien huissier à Collinée, très renseigné sur l’histoire de la région, et qui m’a permis de mettre largement à contribution sa complaisante érudition. Je le prie d’agréer l’expression de ma bien vive reconnaissance.
  2. Archives nationales, BB18 376.
  3. En remplacement du général Michaud, il prit possession du commandement de l’armée le 11 novembre 1798.
  4. « Vous vous êtes opposé à l’examen des motifs d’arrestation des individus retenus dans les prisons… Je désire apprendre de vous par quels motifs vous avez pris une marche que l’on représente comme ayant pu compromettre la tranquillité publique. » 7 février 1800, Archives nationales, BB18 376.