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LA MIRLITANTOUILLE

désordre et de l’incertitude, et le changement de gouvernement « fut reçu comme un bienfait et comme un gage de cette tranquillité après laquelle soupirait tout le monde[1] ».

Le 18 brumaire n’eut point pour résultat la fin subite de la Chouannerie : durant bien des années en survivront les turbulents vestiges. Jusqu’en 1840, on signalera encore, de temps à autre, « tapis au fond des forêts, pareils à des bêtes insaisissables, des hommes n’ayant plus de contact avec le monde civilisé, plus de foyer, plus de famille,… maintenus dans la voie sans issue par des habitudes invétérées ou par la peur des sanctions[2] ». Mais avec les débuts du Consulat se termine l’histoire de la Chouannerie des Côtes-du-Nord, suscitée par Boishardy et continuée par ses successeurs. Il ne reste qu’à indiquer quel fut le sort des personnages qui, ayant joué un rôle dans ce récit, ont survécu au dénouement. Tout souvenir n’en est pas aboli et si la tradition n’a presque rien retenu d’autre que les noms des héros du drame, du moins subsiste-t-il quelques-uns de ces témoins de pierre qu’il convient de signaler aux pèlerins soucieux de l’Histoire. Ainsi l’on montre encore à Moncontour « la maison de Hoche » ; certains Guides désignent aux touristes le petit manoir de Boishardy, demeuré jusqu’à ces derniers temps intact avec son haut pignon, ses fenêtres rares mais privé de sa tour coiffée d’ardoise qui lui faisait mine seigneuriale. À droite du grand chemin qui vient de Lamballe, une croix marque,

  1. Sageret, Le Morbihan sous le Consulat, I, p. 393.
  2. Émile Gabory, Les Bourbons et la Vendée, p. 347.