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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

de « furie » et de « femme infernale[1] » ayant attiré sur le chef-lieu des Côtes-du-Nord une catastrophe quasi fabuleuse, — et qui, crime bien autrement impardonnable, risquait de faire perdre leurs places à tous les fonctionnaires de l’Administration départementale.

Celle-ci, pour parer à cette grave menace et racheter par quelque apparence de zèle la trop réelle timidité de la résistance, se hâta de réunir une colonne mobile de deux cents grenadiers et gardes nationaux[2], commandés par le capitaine Comminet, qui se lança résolument sur les traces des brigands. Sa troupe marcha toute la nuit, traversa Plaintel, s’engagea dans la forêt ; ses éclaireurs atteignaient, le 28, vers dix heures du matin, l’arrière-garde des royalistes attardée à la Croix-Saint-Lambert. Des Chouans dormaient affalés sur les marches du Calvaire ; la première décharge des Bleus en tua cinq ou six[3] ; les autres sautèrent sur leurs armes et le combat s’engagea ; l’écho de ces fusillades, en même temps qu’il sauvait, comme on l’a vu, Giraudeau, donna l’alarme aux gas de Mercier ; on leur distribuait du pain et du cidre sur l’esplanade du château[4]. En hâte, Saint-Régent rassemble ses hommes pour se porter à la rencontre de l’ennemi : Mercier

  1. Archives nationales, F1C III, Côtes-du-Nord, 13.
  2. Chassin, Pacifications, III, p. 405. La colonne était faite de 300 hommes, d’après le rapport du commissaire du Directoire, Denoual, au ministre de l’Intérieur. Archives nationales, F1C III, Côtes-du-Nord, 13. Sageret, Le Morbihan sous le Consulat, I, p. 322, écrit également : « 300 carabiniers et mobiles de Lamballe. »Kerigant (Les Chouans, p. 126) évalue la troupe républicaine à 1.500 ou 1.600 hommes.
  3. Ils sont inhumés au pied de la croix. Kerigant, Les Chouans, p. 126.
  4. Geslin de Bourgogne et Barthélemy, Études, p. 206.