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LA MIRLITANTOUILLE

Chouans morts ; un autre agonisait à l’ambulance de la maison Grandchamp-Leclerc. On sut que la garnison se composait exactement de trente officiers et de trois cent cinq hommes, dont un grand nombre de conscrits, soixante-dix vétérans, et l’on s’indigna un peu de son inaction. Celle du général Casabianca fut jugée sévèrement. Aucune maison n’avait été pillée ; les royalistes n’avaient pénétré que dans deux seules, celle de Grandchamp-Leclerc et celle de la veuve Duhazay, transformées en ambulances ; ils s’y étaient comportés « assez honnêtement pour des Chouans », réclamant seulement du linge, de la charpie, du beurre, du vin, nécessaires à leurs camarades blessés. Même le lieutenant de gendarmerie, Chrétien, déposa que, ayant fouillé ses poches, « les brigands lui prirent un louis, un mouchoir, une paire de gants, un couteau en lui laissant charitablement sa tabatière[1] ». Le but de la dramatique échauffourée n’était donc autre que la délivrance des prisonniers ; de conversations surprises sur le Cours après la prise de la geôle, l’enlèvement de madame Le Frotter apparaissait comme la cause initiale de l’entreprise ; son fils « avait pesé sur la détermination des chefs et les avait poussés à l’attaque de Saint-Brieuc[2] ». Aussi madame Le Frotter, dans le rapport adressé au ministre de l’Intérieur par le Commissaire du Directoire, était-elle traitée

  1. Chassin, Pacifications, III, p. 407, note. « Charles Treux, marchand, déclare qu’examiné pour savoir s’il n’était pas porteur d’armes, les Chouans lui ont pris sa montre d’or ; … J.-B. Gautier, plafonneur, a également été fouillé ; on lui a pris neuf francs qu’il avait dans sa poche. »
  2. « Tout porte à croire que la délivrance de cette furie est le motif principal de cette expédition. » Archives nationales, F1C III, Côtes-du-Nord, 10.