Corbion, fonctionnaire héroïque qui, moins timoré que Casabianca, et soucieux de son devoir, se rendait à la Mairie dans l’espoir d’organiser la défense. Les Chouans l’invitent à crier : Vive le Roi ! il crie : Vive la République ! et tombe percé de coups de baïonnettes. On retrouvera, le lendemain, son corps non loin de l’endroit où se dresse aujourd’hui sa statue, hommage mérité[1].
Pour abriter leurs blessés, les Chouans ont fait ouvrir la maison du citoyen Grandchamp-Leclerc ; ils ont requis la citoyenne Conan, femme d’un chirurgien qui, sous la garde de six hommes armés, est promue infirmière de cette ambulance improvisée. Elle y panse quelques blessés dont deux atteints grièvement ; l’un de ceux-ci meurt sous ses yeux. Au matin elle donnera des soins à Étienne Le Frotter, atteint d’une balle au bras[2]. Du reste, les brigands se montrent pour elle pleins d’égards et de politesse. Une autre ambulance est établie, rue Saint-Guillaume, chez la veuve Duhazay. Car toute la ville est soumise : la grande artère qui la tra-
- ↑ Geslin de Bourgogne écrit que Poulain fut tué sur la place même de la Liberté. Les circonstances de la mort de Poulain-Corbion ont été racontées par les Chouans eux-mêmes, au poste de la place, en présence des prisonniers républicains. Elles ont été rapportées aussi par madame Conan, dont les royalistes, comme on va le voir, occupèrent la maison pour en faire une ambulance. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Études, p. 205, note.
- ↑ Déclaration de la citoyenne Marie Pouhaër, épouse du citoyen Conan, officier de santé. Les Chouans avaient réclamé le citoyen Conan pour donner des soins à leurs blessés ; mais il procédait à un accouchement, en haut de la rue Saint-Guillaume ; la citoyenne Conan s’offrit d’elle-même à le remplacer auprès des blessés ; les Chouans s’informèrent de sa domestique, « si cette dame était capable de traiter » ; sur ce que la servante dit « qu’elle était aussi habile que son mari », ils escortèrent madame Conan jusqu’à la maison Grandchamp.