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II

La femme était un chouan travesti ; son compère simulait l’ivresse. Ils abordèrent l’homme en sentinelle et, soudain, se jetèrent sur lui. Il tomba mort sans pousser un cri. Au même instant, des rues tortueuses, débouchent les chouans en masse ; la place est envahie, le poste assailli : le sergent Guillot, qui le commande, fait sortir ses hommes, essaie de les ranger en bataille ; une décharge les repousse en bousculade dans le corps de garde où ils se barricadent. La porte est attaquée à grands coups de crosse : — « Ouvrez ! Ouvrez ! Si nous entrons de force, il ne sera fait quartier à personne ! » La porte cède ; les brigands se précipitent, saisissent tous les fusils, intiment aux gardes nationaux l’ordre de se coucher sur le lit de camp, d’y rester immobiles, sous peine de fusillade immédiate. D’autres s’accrochent à la grille de la Maison Commune, la secouent, l’ébranlent, l’arrachent et s’emparent d’un des deux canons de la Municipalité. La place est tumultueuse, parcourue en tous sens par des bandes de chouans qui explorent les vieilles rues à pignons, tirant des coups de fusil sur toute fenêtre qui s’ouvre. Les chiens hurlent « d’une manière effroyable » ; les