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LA MIRLITANTOUILLE

contingent de soldats armés qu’il destinait à former sa garde. Chaque fosse, — ou loge, — contenait sept hommes dont l’un commandait aux six autres ; sept fosses composaient un cantonnement ; sept cantonnements une division. Les approvisionnements ne faisaient pas défaut, les paysans de la région amenant en grande quantité au campement de la forêt leurs bestiaux et leurs grains pour les soustraire aux réquisitions des républicains. La troupe de Puisaye se renforçait donc de jour en jour quand, à l’aube du 29 novembre 1793, les Bleus pénètrent dans la forêt, marchent droit à la cabane où dort le comte Joseph, aux côtés de son médecin Focard, de son ami Le Roy et de trois officiers royalistes. Fusillade : deux des officiers sont tués ; Puisaye et Le Roy se sauvent, en chemise, et disparaissent dans l’épaisseur du bois, traînant Focard, grièvement blessé, qu’ils abandonnent dans un taillis. Le malheureux ne tardera pas à être pris ; son aventure se terminera à Rennes, sur l’échafaud révolutionnaire.

Dépisté, Puisaye va reprendre la vie nomade ; du moins marche-t-il maintenant entouré d’une garde de chouans résolus ; il rayonne autour de Rennes, tente même de s’emparer par surprise de la ville, sans succès ; on le voit avec sa troupe, parfois forte d’un millier d’hommes, à Beignon, sur la route de Ploërmel, là même où il a trouvé son premier gîte en Bretagne, à Concoret dans le Morbihan, à Maure, à Bain, à Liffré ; il séjourne fréquemment au château du Plessis, près de Vern, cherchant, non sans déconvenues, à se mettre en relations avec les insurgés royalistes qui pullulent dans la région ;