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LA MIRLITANTOUILLE

les Kerigant, les Du Lorin ; il a témoigné contre madame Le Frotter : s’il tombe entre leurs mains, il est perdu.

Sans tarder, il écrit au citoyen Denoual, commissaire du pouvoir exécutif près l’Administration départementale ; il lui rapporte en termes émus ce qu’il vient d’apprendre : l’invasion d’une armée de brigands pour la nuit prochaine ; « leur but est de délivrer un très grand nombre de gens de leur parti ; ceux de qui je le tiens sont prévenus ». Son souci est si grand qu’il se permet de conseiller : — « Expédiez sur-le-champ des ordonnances pour alerter les troupes des villes circonvoisines… Faites délivrer des munitions aux bourgeois… Faites poster une colonne assez nombreuse autour de la maison d’arrêt… » — C’est là, surtout, ce qui l’intéresse. La lettre écrite, comment la faire parvenir ? Si l’on apprend dans la prison qu’il communique avec le commissaire du Directoire, son cas sera empiré. Il guette donc l’heure où, chaque jour, un soldat de la garnison vient à la prison apporter la soupe aux militaires détenus : l’homme chargé de cette mission est, le 26, le chasseur Bourvellec. Giraudeau lui confie sa lettre, en lui recommandant de la remettre sur-le-champ à un de ses camarades, Yverneau, qui la posera à son adresse[1].

Bourvellec enfouit le papier dans sa poche et se lança consciencieusement à la recherche d’Yverneau, — sans le rencontrer ; recherche bientôt inter-

  1. On n’aperçoit pas pourquoi Giraudeau ne fit point passer sa lettre au commissaire du Directoire par l’intermédiaire du concierge Peyrode. Peut-être voulait-il garder pour lui seul le bénéfice de son importante déclaration.