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LA MIRLITANTOUILLE

cidait aussi avec l’échéance des trois mois de sursis accordés à madame Le Frotter ; l’arrêt qui la condamnait à mort étant désormais sans appel, on pouvait craindre qu’elle fût livrée au bourreau en même temps que Hamon, ce matin-là. Son fils Étienne, l’ardent promoteur de l’expédition, dut mettre tout en œuvre pour obtenir que la tentative de délivrance ne fût pas reculée au delà du délai fatidique. Tout étant ainsi convenu, l’habile et dévoué Justice, estimant son rôle d’éclaireur terminé, jugea qu’il serait plus utile aux assaillants en demeurant à Saint-Brieuc qu’en prenant place dans leurs rangs ; il fallait un homme averti et de sang-froid pour diriger le mouvement à l’intérieur de la prison et distribuer aux détenus les rôles qu’ils auraient à jouer au moment de l’attaque décisive. Il se fit donc tout simplement incarcérer, puisque, pour obtenir cette faveur, il lui suffisait de décliner son nom[1]. Ceci établit jusqu’à l’évidence sa confiance absolue dans le succès de l’affaire en préparation.

Déjà Mercier La Vendée s’était mis en route avec ses quatre ou cinq cents Morbihannais, renforcés d’une compagnie de transfuges autrichiens, dite « compagnie des déserteurs[2] ». Des forêts de Camors et de Floranges où, sans doute, s’effectua le rassemblement, la petite armée suivit à peu près la route parcourue, quatre ans auparavant, par l’Armée

  1. « C’est par erreur qu’on a écrit que Rolland dit Justice, commandait un des détachements de Chouans à l’attaque de Saint-Brieuc. Il était en prison et fut délivré avec les autres prisonniers. Nous tenons du chef près duquel il se tenait dans sa retraite qu’il s’y battit comme un lion, mais isolément, sans commander. » Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Études, 203 n.
  2. Même ouvrage, p. 206.