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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

Mercier La Vendée concertait donc en toute liberté son audacieux plan de campagne. Rolland dit Justice, le lieutenant de Kerigant, fut chargé de recueillir dans Saint-Brieuc même les informations indispensables : — importance de la garnison, nombre des postes, composition de la garde de chacun d’eux. Les royalistes comptaient dans la ville beaucoup d’amis et il lui fut facile de se renseigner. Il redevint, pour la circonstance, marchand de bestiaux ; précaution presque inutile ; qui songerait à le gêner ? Il pénétra même dans la prison et s’aboucha avec l’un des émigrés détenus, Morin de Villecorbin ; on convint que, le soir de l’attaque, les prisonniers se tiendraient prêts et, dès les premiers coups de fusil, s’empareraient du concierge Peyrode et désarmeraient les six ou huit gardes nationaux composant chaque nuit la garde de la geôle[1]. Le chouan Justice fit mieux encore, si, toutefois, c’est lui qui, grâce à de discrètes influences, obtint de la municipalité cet arrêté vraiment opportun, interdisant aux habitants de la ville de se montrer non armés dans les rues durant la nuit. Or, comme, depuis longtemps, on avait enlevé aux Briochins toutes leurs armes par voie de réquisition, les chouans étaient sûrs de n’être point gênés par la foule dans l’exécution du grand projet[2].

La date en fut fixée à la nuit du 26 octobre, — 4 brumaire. On sauverait ainsi la vie à un chouan, Yves Hamon, pour qui l’échafaud devait être dressé le 27 à sept heures du matin[3]. Ce 27 octobre coïn-

  1. Kerigant, Les Chouans, p. 112 et 114.
  2. Habasque, II, 86, n.
  3. Levot, Biographie bretonne, article Guezno de Pénanster.