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LA MIRLITANTOUILLE

tement. L’organisation de la Chouannerie, volontairement mystérieuse, ne comportait ni contrôles ni archives et peut-être n’est-il point paradoxal de remarquer, avant d’entreprendre le récit de l’un des épisodes les plus marquants des guerres de l’Ouest, que l’histoire des Chouans n’est connue, à proprement parler, que par les documents émanés de leurs adversaires. Par hasard, par l’attestation tardive d’un survivant de ces temps de troubles, on sait que, à l’époque où madame Le Frotter attendait la mort dans la prison de Saint-Brieuc, Le Gris-Duval qui, décidément, vivait encore, commandait en chef le département des Côtes-du-Nord[1] ; il avait sous ses ordres cinq chefs de division : pour Guingamp, Keranflech, dit Jupiter, ancien officier noble de l’armée de Condé, résidant ordinairement en son château de Quellenec, près de Mur-de-Bretagne[2]. Le district de Lannion était à Guezno de Penanster, cousin d’un conventionnel, ancien élève de la marine royale, puis, jusque en 1794, soldat de l’armée républicaine du Rhin ; rude homme et terrible partisan[3]. Carfort, avec son lieutenant Dutertre, tous deux survivants de la bande de Duviquet, régnaient sur la région de Moncontour et de Saint-Brieuc ; Kerigant avait Dinan et l’un de ses principaux officiers était un marchand de bestiaux, nommé Olivier Rolland, dit Justice. Le Gris-Duval se réservait l’arrondissement de Loudéac avec, comme

  1. D’après M. de Kerigant, dans sa brochure souvent citée, Les Chouans, Le Gris-Duval aurait été nommé à ce commandement par le Comte d’Artois, qui lui conféra, en même temps, « le cordon rouge ».
  2. É. Sageret, Le Morbihan sous le Consulat, I, p. 191.
  3. Idem, I, p. 190.