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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

ses avocats de recevoir les éléments de justification ». Au nombre des militaires qu’on accuse la citoyenne Le Frotter d’avoir embauchés, se trouve son fils aîné, Étienne. Ne doit-on pas attendre, avant d’exécuter le terrible arrêt, qu’il rentre dans le devoir ? « En quelque endroit que ce jeune homme ait été entraîné, la condamnée a lieu de croire qu’il a les yeux ouverts sur le danger de sa mère… » Il y avait comme une menace dans ce dernier argument et peut-être, pour cette raison, déplut-il au ministre. Vers le 1er octobre on connut sa réponse : il n’apercevait aucun moyen de surseoir à l’exécution de la sentence ; — « aucune autorité ne peut ni ne doit maintenant examiner si les charges produites ont été assez fortes pour entraîner la conviction ; la loi est inexorable et nul, aux termes de la Constitution, ne possède le droit de grâce[1]. »

Est-il situation plus dramatique ? Cette mère va-t-elle mourir pour ne pas livrer son fils ? — Ou, pour sauver sa mère, le fils viendra-t-il offrir sa tête ? Quel juge sera de taille à terminer le conflit suscité par cette alternative : une maman et son enfant se disputant l’échafaud. À l’un et à l’autre ce déchirant débat devait être épargné. Étienne Le Frotter, ainsi que le préjugeait Laënnec, « avait les yeux ouverts sur le danger de sa mère ».

Où se trouvait-il ? Peut-être servait-il dans les bandes de Georges Cadoudal ; commandait-il un canton, une légion, ou faisait-il partie de l’État-major de Mercier La Vendée ? On ne peut le dire exac-

  1. Archives nationales, BB18 253.