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LA MIRLITANTOUILLE

1799, madame Le Gris-Duval et ses servantes, livrées à la gendarmerie, reprenaient la route de Rennes ; le 1er avril elles rentraient à la Tour Le Bat[1]. Giraudeau, qu’on ne savait comment utiliser, fut reconduit directement à la prison de Saint-Brieuc[2].

Durant ces quatre mois perdus en transfèrements sans résultat, chaque semaine, presque chaque jour, le ministre recevait de son agent des Côtes-du-Nord le rapport de quelque attentat. Jamais les Chouans n’avaient montré tant d’audace : la concussion de Besné, le désarroi de la justice leur conférait l’impunité : dès le début d’octobre 1798, au Dresnay[3], quarante à cinquante brigands envahissent à sept heures du soir la cour de La Guillerné, percepteur. Leur chef est à cheval ; il range sa troupe en bataille, détache quatre hommes qui pénètrent dans la maison : — « Au nom de Louis XVIII, soldats, feu ! » — Le fils du percepteur, un garçon de dix-huit ans, tombe mort. La Guillerné et son personnel ont pris les armes ; ils font une belle défense ; la bataille dure deux heures ; les Chouans se replient enfin, emportant 700 francs et laissant le corps d’un de leurs officiers, — un petit homme d’environ trente ans, jolie figure, gilet rouge à boutons de cuivre, pantalon de casimir, — dont jamais on ne put établir l’identité[4]. Le 13 octobre, à Loudéac, au moment même où est attaquée sur la grand’route la

  1. Registre d’écrou de la maison d’arrêt de Force Le Bat. Archives d’Ille-et-Vilaine. De fatigue ou d’émotion, l’une des servantes de madame Le Gris, Marie Chantard, mourait, un mois plus tard, le 4 mai, à La Tour Le Bat.
  2. Archives de la Préfecture de Police, A B/328, 16 floréal, VII.
  3. Commune de Longuivy-Plougras, canton de Plouaret.
  4. Archives nationales, F7 36692.