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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

tages et les ressert fidèlement à Veyrat qui s’évertue et combine avec le ministre le moyen d’en tirer parti : il propose qu’un commissaire de police soit adjoint en permanence au concierge de la Force, afin de saisir Le Gris-Duval lorsque, à son arrivée d’Espagne, il se présentera à la prison ; tout est concerté : défense de laisser le bandit communiquer avec sa femme ; recommandation de le fouiller, aussitôt pris ; et, comme une religieuse doit aussi incessamment visiter la femme Le Gris, il faudra la laisser entrer et ne l’arrêter qu’à la sortie pour saisir sur elle les pièces que la détenue lui aura remises[1]. Mais les jours, les semaines passent, Le Gris-Duval ne paraît pas ; aucune religieuse ne réclame la faveur d’un permis de visite ; les filles Chantard sont restées muettes ; les citoyennes Humblet et Marquet s’ennuient en la société de ces pieuses et sévères domestiques ; elles demandent à retourner à Saint-Lazare et Veyrat en vient à soupçonner que la fille Potiquet elle-même a, pour se faire valoir, exagéré, sinon imaginé les confidences de la prisonnière. Quant à Giraudeau, détenu à la Grande Force[2] et dont on espérait d’importantes révélations, il n’a rien voulu ou pu dire. La police parisienne avait hâte d’être débarrassée de ces intraitables Bretons qui ne connaissaient rien aux usages. Le 5 mars

  1. Archives nationales, F7 6147. Au nombre des pièces de cette singulière machination policière, se trouve une lettre très digne et très correcte de madame Le Gris-Duval au ministre, le priant de lui faire connaître le motif de sa détention : — « Vu l’état de grossesse où elle se trouve, elle vous prie d’avoir la bonté de la faire transférer au Temple, lieu qu’elle croit plus salubre et plus sain que celui de La Force… etc. » 5 février 1799.
  2. Sous le nom de Joseph Giraudon. Archives de la Préfecture de Police, Écrous de La Force.