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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

penser, ou bien que l’ex-accusateur public, connaissant trop de secrets et affilié par ses opinions à nombre de gens redoutés, trouva en ses collègues des juges indulgents, ou bien que le malheureux, victime d’une de ces intrigues de tragi-comédie auxquelles excellait Le Gris-Duval, était aveuglément tombé dans quelque chausse-trappe ouverte par l’habile châtelain de Bosseny. Besné déclara pompeusement, qu’il découvrirait l’auteur de cette infamie et confondrait ses dénonciateurs[1] ; mais il était à jamais discrédité[2]. Réduit au titre de simple « homme de loi » il essaya de gagner le pain de sa nombreuse famille en s’occupant de ventes et d’achats de biens nationaux, comme procurateur de nobles dépossédés[3] ; il devait mourir à la peine quelques mois plus tard[4].

Ainsi tombaient l’un après l’autre tous ceux que Le Gris-Duval avait marqués du signe fatal. Lui, il courait la campagne et, bien que l’Administration départementale eût lancé contre lui ses meilleurs

    senté le 30 pluviôse au jury d’accusation. Sa déclaration a été, Non, il n’y a pas lieu. Le Directeur du jury, en conséquence, a ordonné la mise en liberté de Besné. » Archives nationales, F7 6147.

  1. Archives nationales, AF111* 101.
  2. Les historiens les mieux informés de la tradition locale sont sévères pour Besné, mais restent cependant dans le doute. M. L. Dubreuil écrit : — « Besné,… ouvre de sa propre autorité la porte des prisons aux deux chefs Chouans Le Gris-Duval et Kerigant, « par bêtise », dira Pouhaër, qui, visiblement, le ménage, mais plutôt « par intérêt ». La Vente des biens nationaux, p. 303. P. Hémon dit : — « Besné ne se tira pas sans peine de ce mauvais pas. On s’aperçut que l’accusation qui pesait sur lui n’était encore sanctionnée par aucune loi ; ensuite on eut égard à ses antécédents patriotes et à la situation de sa nombreuse famille. Il fut acquitté, faute de preuves. » La Légende de Leroux-Chef-du-Bois, p. 34.
  3. L. Dubreuil, ouvrage cité, 276, note.
  4. Le 7 mai 1801. P. Hémon, loc. cit.