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LA MIRLITANTOUILLE

qu’il a dénoncé lui-même comme étant des scélérats et des criminels ces massacreurs de La Mirlitantouille mis par lui en liberté. Quant aux vingt-quatre mille livres, il répondit « comme Epaminondas, que tout l’or et l’argent de la terre ne suffiraient pas à le corrompre[1]. » Le 27, les gendarmes revinrent et l’emmenèrent au ministère de la Police. Puis on le réintégra au Temple et on le laissa « mariner » dans son cachot.

Les malheurs l’ont laissé fécond épistolier et il n’a pas perdu son ton déclamatoire : au Directeur Merlin, il écrit : — « Je suis républicain et je suis au Temple ! J’ai treize enfants et je suis au Temple ! J’aime la Révolution et je suis au Temple ! » Il sollicite l’admission de son fils aîné au Prytanée français ; il a apporté, pour le citoyen La Révellière-Lépaux, qui n’aime pas les curés, un petit cadeau : c’est un « recueil des pièces saisies sur Hercé », l’ancien évêque de Dol, fusillé à Vannes, après Quiberon. Et puis, il insinue qu’il voudrait bien « retourner dans ses foyers ». Il y revint, escorté par les gendarmes, renvoyé devant le tribunal civil de son département qui allait statuer sur sa prévarication[2]. Redevenu, dès son arrivée, l’hôte de Peyrode, il attendit près d’un mois son jugement. Le 20 février, enfin, le jury d’accusation le proclamait innocent et ordonnait sa mise en liberté[3]. Et on en arrive à

  1. Archives nationales, F7 6147.
  2. Extrait du Temple le 11 janvier 1799, il était à Saint-Brieuc le 28. La lenteur du trajet donne à penser qu’il fut reconduit en Bretagne « de brigade en brigade ».
  3. « Saint-Brieuc, 20 février 1799… L’acte d’accusation dressé contre Besné par le plus âgé des présidents du tribunal civil, aux termes de l’article 297 du Code des délits et des peines, a été pré-