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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

gement, se vit obligé de quitter son emploi. L’Administration départementale ne dissimula pas son regret du départ de cet officier, « républicain probe et énergique, victime, — insinuait-elle timidement, — du ressentiment de quelques individus[1] ». L’étonnement s’accrut lorsque Mairesse mourut, ce qui arriva le 3 août[2] : afin de ne pas propager la panique, les autorités cachèrent que le mouchard avait été empoisonné[3], ce qui n’empêchait qu’on s’alarmât de cette fatalité acharnée contre les ennemis de Le Gris-Duval, et un frisson secoua les patriotes quand, le 3 septembre, on apprit l’assassinat du citoyen Robin, agent municipal de la commune de Plessala, tué dans sa maison, la veille, à sept heures et demie du soir, par deux chefs de brigands, dont l’un, assurait-on, était Carfort. Robin, au cours de l’enquête, avait fourni des renseignements défavorables à Le Gris-Duval. Même désagrément advint quelques jours plus tard à un citoyen de Trebry, coupable d’avoir figuré dans le procès parmi les témoins à charge[4].

Les bourgeois de Saint-Brieuc vécurent, en cet automne de 1798, des jours émouvants : vers le 10 octobre, le jugement condamnant Le Gris-Duval à mort et ses complices à la déportation est annulé pour incompétence par le tribunal de revision. Les quarante prévenus sont renvoyés au tribunal criminel des Côtes-du-Nord. Besné triomphe ; il les tient

  1. Sur la disgrâce de Palasne-Champeaux et de Veingarten, voir Archives nationales, F7 6147 et F1b II, Côtes-du-Nord, i.
  2. État civil de Saint-Brieuc. L’acte porte le nom d’Ignace Méraisse (sic) sans aucun autre renseignement.
  3. Archives nationales, A F111 559, Dossier 3774.
  4. Archives nationales, BB18 253 et A F111 559.