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LA MIRLITANTOUILLE

prétextes sont absolument faux : la Kercadio s’amuse en ville et Du Lorin s’occupe à l’hôpital à faire des armes. Je l’ai vu moi-même… Le citoyen Champeaux répand le bruit qu’il tire parti de ses liaisons avec la Kercadio : il se trompe, ou plutôt il veut tromper… La Kercadio est bien ce qu’on peut appeler la scélératesse personnifiée qui rend Champeaux dupe de certaines parties de plaisir dans des maisons d’ex-nobles… On s’en convaincra par le jugement qui va intervenir… »

Tout le Penthièvre l’attendait, ce jugement, dans une anxiété fiévreuse. Le procès s’ouvrit le 2 juillet, à onze heures du matin, et se prolongea, en une seule audience de quatre-vingts heures, jusqu’au 5, à sept heures du soir[1] : au nombre des quarante qui prirent place sur le banc des accusés, étaient Le Gris-Duval et son beau-frère Kerigant, leurs femmes, Hervé Du Lorin et Jacques Villemain, les deux amis que Boishardy, naguère, avait convoqués pour être les témoins de ses épousailles, Joséphine de Kercadio, Du Lorin père et sa fille Pélagie… Mairesse avait gagné de ne pas être là et son absence fit scandale : les témoins qui se présentèrent à la barre furent hésitants : déjà ils avaient été menacés de mort si leurs dépositions chargeaient les inculpés : l’un d’eux, même, se refusa à paraître, Le Gris-Duval ayant juré, disait-on, qu’il tirerait une vengeance éclatante du président Palasne-Champeaux, de Mairesse et de tous ceux qui « parleraient mal ». L’arrêt fut rendu le 6 juillet : il prononçait la mort contre

  1. Archives nationales, F7 36692.