Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
227
LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

avait pu tourner les foudres de son éloquence contre ces vils séides de l’infâme Boishardy ! — « Je trahirais votre confiance, écrivait-il[1], si je vous taisais la conduite scandaleuse d’un fonctionnaire public qui se dit ouvertement honoré de votre confiance… » Et, tout de suite, il ouvre les écluses de sa bile qu’il déverse à flots sur le citoyen Champeaux, — « un de ces intrigants qui ne cherchent que leur intérêt particulier… et servent toujours le parti qui leur paraît le plus avantageux… Il tranche les difficultés, incarcère, met en liberté à tort et à travers quiconque lui plaît ou lui déplaît… » — « Demain commence une affaire des plus importantes puisqu’il s’agit de juger toute une famille de conspirateurs », les auteurs et complices des affreux massacres de la Mirlitantouille… Besné qui voit rouge dès que la petite châtelaine de La Ville-Louët est en cause, donne libre cours à sa rage : — « Joséphine Kercadio, la bonne amie du monstre Boishardy, protectrice d’émigrés, de chouans, faisant le coup de fusil, pillant, volant avec ces scélérats, s’est mariée, depuis l’amnistie, avec le fameux Du Lorin, connu par ses assassinats nombreux. Aujourd’hui ils sont tous deux traduits au Conseil militaire comme complices de Duviquet. Pour les soustraire au glaive de la loi, leur faire des partisans en ville et notamment dans le tribunal, le président Champeaux a mis en liberté la Kercadio, sous le prétexte qu’elle nourrissait un enfant ; il a fait aller à l’hôpital le monstre Du Lorin, alléguant qu’il était malade : ces deux

  1. La pièce est en copie, non signée, au carton F7 6147. Quand on est familiarisé avec la prose de Besné, je pense qu’il suffit de la lire pour ne pas hésiter un moment à déterminer son auteur.