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LA MIRLITANTOUILLE

payaient, pour cette faveur, une redevance à Peyrode. La fière madame Le Gris-Duval elle-même entra en pourparlers avec Palasne-Champeaux : — moyennant « une forte récompense » et la promesse formelle de la liberté pour elle et pour son mari, elle offrait « de faire prendre Puisaye et son conseil ». L’affaire méritait attention et la proposition, transmise au ministre de la Police, fut soumise par lui au Directoire. Que répondre ? Le Directoire accorda « 4.000 francs et la liberté[1] », récompense subordonnée, bien entendu, au succès de l’opération. Restait à s’exécuter, et madame Le Gris, à son tour, ayant versé au concierge « un cautionnement », sortit de prison[2] pour se mettre en mesure de tenir sa promesse.

Or, à l’heure où elle se flattait d’indiquer le refuge de Puisaye[3], celui-ci était, depuis six mois, en Angleterre, et, bourrelé de dégoûts, se préparait à passer au Canada avec quelques rares fidèles associés à son naufrage. La madrée prisonnière l’ignorait-elle ? Jouait-elle Palasne-Champeaux en compliquant par sa négociation frustratoire l’imbroglio de faux rapports et de révélations incohérentes où s’empêtrait l’instruction ? Car le déserteur Giraudeau montrait du zèle : introduit dans la prison, il se vantait d’avoir enjôlé par ses bonnes façons et le

  1. Archives nationales, F7 6147.
  2. Le 12 germinal, Palasne-Champeaux invitait le commandant de la gendarmerie départementale « à faire rentrer dans la maison d’arrêt la citoyenne Le Gris-Duval, la citoyenne Garnier-Kerigant, la citoyenne Du Lorin, actuellement logées en ville sous cautionnement par raison de santé » ; il semble que cette invitation resta sans effet. Extrait des ordres d’écrou, communication de M. A. Brohan, Procureur de la République à Saint-Brieuc.
  3. Février 1798.