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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

d’une part ; de l’autre celui des Du Lorin. Jalousies de femmes, rivalités d’amour, dissentiments politiques ? On ne sait ; mais on a quelques raisons de supposer que Joséphine de Kercadio, l’ex-fiancée de Boishardy, devenue madame Hervé Du Lorin, était, involontairement sans doute, la cause de cette rupture. La première elle mérita l’indulgence du président Palasne-Champeaux ; autorisée à quitter la prison, elle se logea en ville ; elle allaitait, il est vrai, son petit garçon, âgé de quelques mois ; le séjour de l’hôtellerie du concierge Peyrode convenait mal à ce baby, et peut-être est-ce là simplement le motif de la faveur dont bénéficia la jolie maman de dix-neuf ans. Son mari, tout aussi jeune qu’elle, se lassa vite de la captivité : il sollicita de Palasne-Champeaux un entretien et déclara la résolution d’abandonner le parti des rebelles : il était las de cette guerre de guet-apens, d’exactions et d’assassinats. N’ayant plus à ménager les Kerigant et les Le Gris-Duval dont l’animosité lui rendait intenable le séjour de la prison, il ne dénonça personne nominativement ; il indiqua seulement les maisons où se rassemblaient le plus souvent les chefs de chouans et où on aurait chance de les surprendre. Il obtint ainsi de quitter la maison d’arrêt pour l’hôpital militaire[1]. Madame de Kerigant, à son tour, eut la permission d’habiter la maison de son beau-frère, rue des Bouchers ; tous, bien entendu,

  1. « Du Lorin, écrivait Palasne-Champeaux, est très faiblement inculpé dans la procédure et l’espoir de s’en tirer sain et sauf le force d’être utile quand même il n’en aurait pas l’intention, ce que je suis bien éloigné de croire, d’après les conférences que j’ai eues avec lui, et ses démarches que j’ai fait soigneusement surveiller… » 30 prairial VI. Archives nationales, F7 36692.