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DUVIQUET

On dit que, dans la journée, s’était présenté au chef de brigade Palasne-Champeaux un messager apportant de la part des Chouans l’offre d’échanger contre Duviquet le chef de bataillon L’Honoré pris à La Mirlitantouille. La proposition fut repoussée. Deux jours plus tard parvenaient au commandant de la place de Saint-Brieuc la montre, la bague et les papiers de L’Honoré immolé par manière de représailles. Il avait exprimé avant de mourir le vœu que ces objets fussent remis à sa famille. Un avis anonyme indiquait l’endroit où l’on trouverait son cadavre. En relatant ces tragédies au ministre de la justice, l’accusateur public Besné, dépité de n’y jouer aucun rôle, insistait sur l’urgence de purger le sol de la République « des coquins très intrigants » que renfermait la prison et dont « les trames secrètes » constituaient un permanent danger pour le gouvernement[1]. Il craignait qu’on oubliât les Le Gris-Duval, les Kerigant, les Du Lorin attendant depuis six mois leur jugement. Prononcer leurs noms au moment où tombait la tête de Duviquet, leur ami, leur créature et leur complice, c’était les pousser à l’échafaud et Besné n’avait pas perdu l’espoir que cette aubaine, — le plus beau procès de sa carrière, — lui serait réservée.

  1. Même dossier.