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LA MIRLITANTOUILLE

avec une fougueuse hardiesse : le président lui ayant observé que la loi lui accordait un défenseur : — « Un défenseur ! s’écria-t-il, gendarmes, apportez-moi ma carabine[1] ! » L’escorte le reconduisit à son cachot et le Conseil, délibérant à huis-clos, prononça, à l’unanimité, la peine de mort[2].

À onze heures le capitaine Hébert se rendit à la prison et, devant la garde assemblée, donna au condamné lecture du jugement, le prévenant qu’il pouvait, dans le délai de vingt-quatre heures, se pourvoir en revision. Duviquet, très calme, déclara qu’il désirait écrire à sa famille ; si on lui accordait cette faveur, il renoncerait à faire appel ; et, tout de suite, il signa, sans hésitation, son désistement. Le capitaine rentra avec lui dans la geôle, lui procura des plumes, du papier et de l’encre, et attendit que la lettre fût faite. Le sang-froid de Duviquet ne se démentit pas un instant tandis qu’il écrivait ; il se relut posément. Ayant plié le feuillet, il le remit à l’officier ; ses yeux étaient pleins de larmes.

Il est midi : cinq heures d’attente encore. On

    centrale des Côtes-du-Nord, au ministre de la Police, 2 messidor, VI. Archives nationales, F7 36692.

  1. Levot, Biographie bretonne, article Guezno de Penanster. Duviquet eut néanmoins un défenseur ; le jugement porte : — « Ouï le rapporteur en ses conclusions et l’accusé dans ses moyens de défense, tant par lui que par son défenseur… » Archives nationales, F7 6147.
  2. En outre, aux termes de l’arrêt, et conformément à la loi du 4 nivôse, an IV, il devait être prélevé, sur les biens du condamné, une somme de 10 000 livres, « tant pour frais de recherches, capture et conduite de la personne de Duviquet, que pour le prix des objets d’armement, habillement et équipement emportés par lui. La ceinture de Duviquet sera remise au citoyen Saulnier, fourrier de la 2e compagnie du 2e bataillon de la 13e demi-brigade, qui a arrêté ce brigand, la carabine et le sabre du condamné rendus à la gendarmerie de ce département, à qui ils appartiennent ; le poignard qu’il portait sera déposé au greffe. »