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DUVIQUET

la retraite ; lui, va se reposer quelques heures ; grâce à sa monture il rejoindra facilement, à la fraîche, par des traverses qu’il connaît. Il laisse donc ses hommes poursuivre leur route, entre dans un champ de blé qui borde le chemin, s’y blottit, ayant passé à son bras la bride de sa bête et s’endort[1].

En dévalant, dans leur fuite, les pentes du Mené, les Bleus de L’Honoré, échappés au massacre, avaient semé la panique dans les métairies ; moins d’une heure après le combat, la nouvelle en parvint à Moncontour. La garnison de la petite ville se composait d’un détachement du 13e léger ; elle prit les armes, s’adjoignit quelques gardes nationaux de bonne volonté, et se mit bravement en campagne. L’effectif de cette petite troupe montait, au total, à quatre-vingts hommes, tous costumés en Chouans[2]. Il était près d’une heure de l’après-midi lorsqu’ils arrivèrent à La Mirlitantouille ; ils s’arrêtèrent à contempler les huit cadavres dévêtus[3], et le blessé

    le nom, est situé sur le territoire de la commune de Plémy, à quelques cents mètres de La Mirlitantouille.

  1. En quittant La Mirlitantouille, la bande de Mercier La Vendée se dirigea vers la forêt de Loudéac et gagna ensuite celle de La Nouée. Le Chouan Pièche, qui faisait partie de l’expédition, raconta plus tard que le commandant L’Honoré fut d’abord conduit au Pas-aux-Biches, près de cette forêt, chez Laurent Grépon. — « Là, dit-il, on apprit que la troupe arrivait et alors on mit L’Honoré sur un cheval et on le transporta dans la forêt. Le soir on remonta à cheval et on le conduisit à la chaussée de La Tertrée (?) et nous nous dispersâmes. La Vendée fit transporter l’officier au quartier général de Georges ; il y mourut le lendemain au soir. Carfort a gardé son sabre et ses vêtements. » Archives de la Guerre, Armée d’Angleterre, mai 1799.
  2. « Il faut observer que les hommes partis de Moncontour n’étaient pas en uniforme et que leur déguisement, qui rappelait le costume des anciens Chouans, avait pour but de favoriser leur marche. » Relation d’événements… Archives nationales, F7 36692.
  3. « Les hommes tués ont été laissés sur le grand chemin. » Archives nationales, BB18 253.