Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
DUVIQUET

nonce « la mère aux Chouans », révèle les gîtes ordinaires de Mercier, ceux de Georges, « qui est pour le moment en Angleterre, avec Saint-Régent » ; il dit l’endroit où on trouvera Guillemot sans pouce… À tant parler, il ne gagne rien : le 16 mai, il est condamné à mort et fusillé au bord d’une tombe creusée d’avance[1]. Ceci encore exigeait des représailles : deux patriotes de Plumelec, les frères Even, soupçonnés d’avoir dénoncé Lanjégu, disparurent dans la nuit du 24 au 25 mai, enlevés par des inconnus. Jamais on ne devait retrouver leurs cadavres[2].

Maintenant c’est Guillemot sans pouce qui est pris ; on l’arrête, au début de mai, dans le cabaret de la femme Lavallée, au faubourg Saint-Patern, à Vannes. C’est un solide gas, condisciple et ami de

  1. Avant de mourir il avait rimé ses adieux à la vie dont l’autographe est conservé aux Archives du Morbihan : voici l’une des six strophes de cette complainte :

    Adieu donc, épouse chérie,
    Sans regret, je perdrai la vie ;
    Faites de vos armes l’apprêt.
    Votre bandeau m’est inutile ;
    Tirez, soldats, me voilà prêt :
    Dieu près mon roi m’offre un asile.
       Amen.


    Contrairement à l’usage pour ce qui concerne les condamnés des commissions militaires, le nom de François-Gaëtan Lamour de Lanjégu n’est pas inscrit sur les registres de décès de Vannes, ce qui permettrait de supposer que ses dénonciations lui avaient valu sa grâce et un emploi sous un faux nom dans la police du Directoire. En revanche, son nom est inscrit sur les tables de marbre du mausolée d’Auray, parmi ceux des martyrs de Quiberon où, comme on l’a dit, il était censé avoir été fusillé en juillet 1795. V. Chassin, Pacifications, III, p. 159, et Le Falher, Le Royaume de Bignan, p. 564.

  2. Le Falher, loc. cit.