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LA MIRLITANTOUILLE

15 mars « convaincu d’avoir participé à l’attaque de la malle-poste, dans la nuit du 2 au 3 novembre précédent[1] ». Ce jugement appelle une revanche : Duviquet ne la fait pas attendre : le 9 avril, la diligence de Rennes à Vannes est attaquée par vingt-deux hommes qui bondissent des taillis au moment où elle pénètre dans la forêt de Molac, non loin de Saint-Guyomard ; les brigands, « tous jeunes », vêtus « en marins, en soldats et en paysans », enlèvent de la voiture 30.000 francs en numéraire qui appartiennent à la République[2] et s’éloignent dans la direction de Malestroit[3]. Dix jours plus tard, on arrête à Plumelec un homme aux allures singulières, « tourneur de son métier », très pauvre et qui dit s’appeler Ruomal[4]. Il avoue tout de suite son véritable nom : c’est Lamour-Lanjégu. Il est cité souvent dans les dénonciations de Mairesse ; écroué au secret dans la prison de Vannes, fers aux pieds et aux mains, face à face avec la mort qu’il a déjà trompée une fois, le malheureux a peur. Il sollicite sa grâce ; il déclare tout ce qu’il sait : « Il était de la bande des vingt-deux qui ont attaqué la diligence de Vannes ; Mercier La Vendée, le fidèle acolyte de Georges, commandait ; il y avait là aussi Guillemot sans pouce, et d’autres dont il ne sait pas les noms » — ou qu’il ne veut pas désigner. Il dé-

  1. Jugement rendu par le Conseil de Guerre permanent de la 13e division militaire, 7 mars 1798. Archives nationales, F7 36691.
  2. Le postillon de la diligence, parent d’un des Chouans, avait prévenu ceux-ci du jour et de l’heure du passage et de la somme d’argent que portait la voiture. Archives nationales, F7 36691, 1er prairial, VI.
  3. V. sur cet épisode Le Falher, Le Royaume de Bignan, p. 553 et suiv.
  4. Anagramme de Lamour.