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LA MIRLITANTOUILLE

au talon, a juré qu’il se brûlerait la cervelle s’il se voit sur le point d’être pris[1]. On a lancé sur sa piste d’habiles espions déguisés en Chouans. Nul résultat. Car maintenant les « faux Chouans  » abondent : le gouvernement use, sans vergogne, de ce moyen de guerre ; les « brigands », en revanche, revêtent l’uniforme national, de sorte que les malheureux fonctionnaires, blousés par ces métamorphoses, font bonne mine à leurs ennemis et se garent de leurs protecteurs.

La question des « faux Chouans » et des « faux Bleus » n’est pas élucidée : les deux partis se sont renvoyé l’éclaboussure de cette perfidie. L’initiative en revient, bien probablement, au général Rey qui, dès 1794, habillait de costumes chouans un détachement de ses grenadiers pour explorer le littoral[2]. Le Comité de Salut Public, jugeant l’idée heureuse, arrêtait l’année suivante, en créant les colonnes mobiles, qu’« il serait fourni à chacun des hommes de ces compagnies, un habillement complet, tel que le portent les habitants des campagnes où la compagnie doit agir[3]. C’est l’institution officielle des « faux Chouans », Hoche ne répugna pas à en faire usage : — « Tâchez de prendre Charette, écrivait-il à son chef d’état-major Grigny, le 1er mars 1796. Faites déguiser quelques hussards et volontaires en paysans munis de cocardes blanches[4]. » Les commissaires du Directoire n’y mettaient pas, on le

  1. Archives nationales, F7 36691.
  2. Savary, Guerre des Vendéens et des Chouans, IV, p. 305. Chassin, Pacifications, I, p. 57.
  3. Arrêté du Comité de Salut Public du 18 fructidor, III. — 4 septembre 1795.
  4. Chassin, Pacifications, II, p. 390.