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LA MIRLITANTOUILLE

dance officielle fut mise en sac et quand l’opération se termina Duviquet déclara qu’il partait, avec Carfort, pour le Morbihan, afin de porter tous ces papiers au général Georges. Il commanda aux hommes de se disperser ; il les paya : Mairesse reçut pour sa part « environ 100 francs ». Il passa toute la nuit suivante « à boire, chez une veuve[1] ».

Il se dirigea, les bras ballants, vers Kerigant, ayant laissé son fusil « dans un hangar rempli de foin, au-dessus d’un pressoir ». Il y a six lieues de Quessoy à Kerigant, par Plœuc et le château de Lorges. Mairesse arriva de nuit chez le beau-frère de Le Gris-Duval : on le félicita chaudement du bon succès de l’expédition qu’il conta dans les détails : il resta là huit ou dix jours. Duviquet n’avait pas reparu. Vers le 10 novembre une lettre de lui, apportée par un inconnu, annonça que les Bleus étaient à sa poursuite : il fallait découvrir, dans les environs de Kerigant, une maison sûre où il se réfugierait ; la maison fut trouvée sans peine ; mais il ne vint pas. Sans doute avait-il réussi à gagner le Morbihan. L’arrestation de la malle-poste mettait en émoi tout le pays : à Bosseny, comme à Kerigant, on affectait de vivre « au grand jour » pour détourner tout soupçon de connivence ; le vendredi 10, les Le Gris et les Kerigant ne manquèrent pas de se montrer aux marchés d’Uzel et de Quintin où se faisait un fort trafic d’étoffes, berlinge ou toile. Un jour, comme sa femme était à Quintin, Kerigant prit Mairesse à part et lui confia qu’elle avait grande envie d’une de ces perruques parisiennes « trouvées

  1. Archives nationales, F7 6147. On suit, pour le récit de l’attaque de la malle-poste, la relation de Mairesse, témoin oculaire.