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DUVIQUET

Carfort était déjà signalé[1] ; la position n’était plus tenable ; de Pontivy, madame Le Frotter, — cette parente de madame de Kerigant qui passait pour l’une des plus actives agentes secrètes du parti royaliste, — avertissait Le Gris-Duval et ses amis qu’il était temps de se méfier : « le bruit courait qu’on allait les prendre[2] ». Duviquet se préparait à passer dans le Morbihan avec sa petite bande ; mais pour affermir la docilité de ses hommes il lui fallait de l’argent ; le plus sûr moyen de s’en procurer était de dévaliser l’un des courriers portant les fonds de la République. Il résolut donc d’attaquer une diligence de poste, sport encore assez peu pratiqué et qu’il allait porter, du premier coup, à la perfection.

On se mit en route le soir de la ci-devant Toussaint et l’on alla jusqu’au manoir de Boishardy où l’on parvint entre minuit et une heure. Duviquet frappa à la porte ; personne ne parut : la petite gentilhommière était inhabitée. On fit le tour de la maison et l’on arriva à la métairie voisine du château. On y trouva le jardinier, gardien de la propriété et l’ami Poilvey, logé là. Il alla chercher des pots de cidre et, tout en buvant, on lui exposa le projet. La journée du lendemain se passa à dormir ; au début de la nuit suivante, — la nuit des Morts, — la bande, bien armée, se mit en route, grossie de Poilvey et du jardinier de Boishardy. Duviquet, Carfort et Dutertre commandaient. Par Trégenestre, Pommeret et les Champs Ruault, on atteignit la grand’route de Paris à Brest.

  1. Archives nationales, F7 3330, dossier 7026.
  2. Archives nationales, F7 6147.