Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
DUVIQUET

affectueuses attentions. Ainsi quand, au début de son séjour à Bosseny, il fut atteint de la gale, madame Le Gris le soigna avec un dévouement méritoire ; elle isola le malade[1], et s’occupait elle-même de ses repas de régime, — « viande, fraises, salades, artichauts et autres choses[2]… » L’amour, comme bien on pense, jouait son rôle en cette aventure, et cela contribuait à parfaire le paladin aux yeux des dames de Bosseny. Duviquet aimait, en effet, une personne de leurs relations intimes : laquelle ? La chronique hésite sur le nom. Il paraît probable que ce sentiment très tendre et très fervent, — on n’en pourra douter d’après la suite de ce récit, — avait pour objet mademoiselle Pélagie Du Lorin, la jeune belle-sœur de Joséphine de Kercadio[3]. Peut-être même un projet de mariage était-il ébauché ; mais dans la situation instable et menacée où se trouvait l’amoureux, il ne pouvait raisonnablement songer à fonder un foyer.

Les rigueurs du gouvernement n’avaient point pour effet d’améliorer cette situation. Chaque jour apporte une nouvelle désastreuse ; Le Gris-Duval, s’étant risqué jusqu’à Saint-Brieuc, revient en hâte, annonçant que l’ordre est lancé de courir sus à tous les chouans. Peu après on apprend, à Bosseny,

  1. Duviquet resta pendant un certain temps chez un chirurgien de Laurenan. Relation de Mairesse. Archives nationales F7 6147.
  2. Relation de Mairesse.
  3. M. de Kerigant, — Les Chouans, p. 76, — s’élève contre cette hypothèse émise en 1836 par le Président Habasque, qui avait été en relations avec bon nombre des survivants de la Chouannerie. Mairesse cite une dame Ct…, comme ayant été « la bonne amie » de Duviquet. — « Je crois bien, dit-il dans son jargon, qu’il y a élevé un enfant sur les fonts de baptême. » Archives nationales, F7 6147.