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LA MIRLITANTOUILLE

la Ville-Hermel, d’y chercher Giraud et de l’emmener « dans un endroit un peu écarté pour le fusiller ». Mairesse obéit sans se permettre la moindre observation : les quatre hommes partent pour la lande ; Giraud ne s’étonne pas d’être le seul qui n’ait point d’arme ; sans doute la conversation amicale de ses compagnons l’abuse-t-elle sur le but de la promenade : elle se prolonge ; au bout de trois heures de marche, alors qu’on approche de la Mirlitantouille, Thurier s’arrête et dit : — « Mets-toi à genoux. » Giraud comprend : ses trois camarades arment leurs fusils : il se jette sur celui de Mairesse, en arrache la pierre ; les autres le tirent à bout portant ; les deux coups ratent ; déjà le condamné se sauve à toutes jambes, vers la maison où il se réfugie[1]. Ses exécuteurs ne se hasardèrent pas à l’y reprendre ; la Mirlitantouille était lieu d’asile. Quant au cabaretier et à sa fille, ils ne s’étonnaient évidemment de rien. Giraud resta chez eux le temps de se remettre, puis disparut[2]

Lorsque Duviquet s’en mêle, le travail est mieux fait : le 7 mai de cette année 1797, il part, la nuit, de Bosseny, emmenant trois de ses hommes, Plus-joli, La Douceur et Mairesse. Point de fusils ; des pistolets sous la veste. À six heures du matin ils arrivent à Gausson ; malgré l’heure matinale le bourg est déjà animé, car c’est dimanche et bien

  1. « Comme cela, étant arrivé à La Mirlitantouille, au cabaret du côté de Plémy, il a entré dans la maison pour demander un chapeau ; mais je ne sais pas ce qu’il leur a dit. » Relation de Mairesse, 1er nivôse, VI. Archives nationales, F7 6147.
  2. « Il est revenu rester encore quelque temps chez Carfort qui lui a donné 9 livres en lui disant qu’il fallait chercher du travail ailleurs, vu qu’il craignait trop qu’on le trouvât chez lui… » Relation de Mairesse. Archives nationales, F7 6147.