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DUVIQUET

des cantiques et disaient le chapelet, le soir, au bivouac ! Mairesse ne sait point de cantiques : il erre par la campagne, « n’aimant pas rester longtemps dans le même canton », allant de Kerigant chez Augé, à Plessala, ou chez Lahaye-Durand, ou chez Carfort, à Plémy, soutirant ici ou là de la toile « pour se faire des guêtres », — ou bien une paire de souliers, — une veste neuve, — un pourboire. Son camarade, Plus joli, l’avertit « quand M. Le Gris a besoin d’hommes » ; alors il rallie Bosseny où il est toujours bien reçu. Madame Le Gris, Duviquet, l’émigré Lamour-Lanjégu et Pierrot lui font accueil et le traitent « en vieille connaissance ». Pierrot, c’est Saint-Régent qui, depuis que la paix est faite, s’ennuie dans « sa loge » de la forêt de La Nouée et vient se dégourdir chez ses aimables voisins.

Mairesse est logé au château et partage la chambre de Duviquet. Un matin, il est dans la forêt, avec Le Gris, « occupé à faire charger des planches », quand un paysan accourt : « Les Bleus sont à Bosseny ! » Duviquet, prévenu, vient se réfugier dans les bois ; en se sauvant du château il s’est trouvé nez à nez avec l’officier qui commande le détachement républicain, un ancien camarade qui, par bonheur, ne l’a pas reconnu. On s’enfonce au plus épais du fourré ; on écoute : — « Ils ne tirent pas, dit Le Gris, ils n’auront trouvé personne. » C’est que Bosseny est bien machiné : il y a des souterrains qui mènent loin dans la campagne ; Le Gris a fait établir par un menuisier de Moncontour un escalier qui descend au jardin, et percer une porte dans le mur de clôture : en trois sauts on est dans le taillis.