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LA MIRLITANTOUILLE

tout le Morbihan jusqu’à Sarzeau, pour y recevoir et se distribuer un envoi de munitions promis par les Anglais — et qui n’arrive point.

Que peuvent contre de telles forces les petits détachements patrouillant sur les routes ? Tous les buissons sont embuscades et les Bleus tombent sans avoir vu un ennemi. En janvier 1796 l’autorité militaire ordonne de « couper les arbres, bois, haies, et de niveler les fossés à cent toises de chaque côté des chemins[1]… » C’est tout le pays à transformer et le travail n’est même pas entrepris.

Et, tout à coup, c’est la paix. — Hoche, effrayé des dangers qui menacent la République, a jeté sur la Bretagne toutes les divisions devenues disponibles par l’écrasement définitif de Charette et de Stofflet. La résistance est impossible : il faut traiter ; les conditions sont acceptables : — expulsion des émigrés clandestinement rentrés, amnistie aux conscrits réfractaires ; liberté des cultes sous certaines restrictions, livraison des armes. Tout de suite les adhésions affluent ; Georges lui-même cède[2] ; à son

  1. Archives nationales, F1b II, Côtes-du-Nord, i. Placard imprimé.
  2. Une lettre de Georges Cadoudal, trouvée sur un prêtre insermenté, expose nettement les raisons qui décidèrent les chefs morbihannais à la soumission : — « Toutes les puissances, excepté l’Angleterre et l’Empire, ont reconnu la République… Nous n’avons rien à attendre pour notre légitime souverain des puissances aujourd’hui belligérantes… Notre mère la Vendée est entièrement soumise… il nous reste le malheureux Morbihan, et que peut-il contre les forces immenses qu’il a contre lui ? Se faire incendier et totalement ruiner sans le moindre espoir… Dieu même ne doit pas demander de nous l’impossible… Le Pape même traite avec la République… Elle ne peut pas manquer, sous bien peu de temps, de devenir légitime… Elle existe réellement parce qu’il n’y a pas un seul être qui puisse dire raisonnablement : — « J’ai des forces suffi-