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LA MIRLITANTOUILLE

l’Administration départementale, fonctionne une autre administration, plus puissante, mieux dirigée et obéie, celle des Chouans. La première n’est pas sûre de ses employés ; elle redoute « leur désertion en masse[1] » ; l’autre commande en maître à un personnel éprouvé et docile : ainsi Le Gris-Duval a ses percepteurs et ses tribunaux ; il lève les impôts et prononce des condamnations. Ses arrêtés sont placardés en meilleure place que ceux du Directoire. Au cours de janvier 1796, on lit celui-ci, affiché dans la grande rue de Dinan[2] :


Au nom du Roi,

Les braves jeunes gens qui voudront contribuer à la destruction de la République sont invités à se joindre à nous ; là ils trouveront tous les moyens de servir honorablement la cause de la Religion et du Roi.

Fait en notre quartier général, l’an 2 du règne de Louis XVIII.


Quand il s’agit de lever une contribution, la formule diffère : voici, par exemple, l’avis adressé au citoyen Ruellan de la commune de Gouray :


Au nom du Roi et de l’armée catholique de Bretagne, vous êtes averti, Monsieur, que si demain, à midi, vous n’avez pas rempli les engagements que vous avez pris

    dans le sang de ces malheureux et bientôt ces monuments d’horreur servent de drapeaux aux fanatiques habitants des campagnes. » La lettre est de mars 1796. (V. Le Falher, Le Royaume de Bignan, p. 503.)

  1. Armez, commissaire général du département au ministère de l’Intérieur : « Les employés de l’Administration sont peu exacts ; on n’ose leur faire des observations, car ils ne sont pas convenablement salariés et on craindrait une désertion en masse. » Archives nationales, F1b II, Côtes-du-Nord, i.
  2. Archives nationales, F1b II, Côtes-du-Nord, i.