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DUVIQUET

fut longtemps légendaire dans le pays de Loudéac.

L’État-Major de Le Gris-Duval comprenait, au début de 1796, son beau-frère Kerigant ; Jean-François de Carfort, originaire de Plémy, « jeune homme d’un caractère violent » ; Mathurin-Charles Dutertre, propriétaire à Plaintel, Jacques Villemain et Joseph Hervé Du Lorin, les deux lieutenants auxquels Boishardy, sur le point de mourir, avait confié sa fiancée ; Hervé Du Lorin père, « homme de loi », à Plœuc et un cousin de Saint-Régent, François Lamour de Lanjégu, officier de l’armée de Quiberon, récemment fusillé à la Chartreuse d’Auray en même temps qu’une trentaine de condamnés ; tombé sans une blessure, il s’était, la nuit venue, dégagé des cadavres entassés et caché pendant quelques jours dans les marais de Tréauray ; gagnant ensuite la forêt de Camors, il avait rallié la « loge » où vivait, dans la forêt de La Nouée, son parent Saint-Régent, dit Pierrot, lequel l’envoya à Bosseny[1]. Ce ressuscité, malgré ses macabres aventures, était un boute-en-train d’humeur constamment rieuse ; il écrivait de jolis vers et se faisait peu prier pour les chanter au dessert. Ces divers personnages, encore que souvent nomades, composaient la société habituelle de Bosseny où l’on menait vie joyeuse. Une tante de madame de Kerigant, madame Le Frotter de Kerilis, habitant Pontivy, assurait la correspondance avec le Morbihan et recrutait pour Le Gris-Duval. Femme d’émigré, royaliste exaltée, madame Le Frotter[2] avait donné son fils aîné, Étienne,

  1. Le Fahler, Le Royaume de Bignan, p. 559 et Archives nationales F7 3682.
  2. Née Marie-Gabrielle Thibault, âgée de 38 à 40 ans en 1796.