malheur de Quiberon[1]. » La proclamation de Louis XVIII, parfaitement inconnu et qui n’intéressait personne ; la « trahison » de M. de Puisaye en qui on avait cru, c’étaient là autant de coups mortels pour la ferveur royaliste des Bretons. En vain Puisaye, après quelques semaines de méditation à l’Île de Houat, a-t-il compris que, sous peine d’être à jamais discrédité, il lui faut reparaître en Bretagne : il débarque à la côte du Morbihan[2] ; Georges invite le « sauvé de Quiberon » à quitter dans les vingt-quatre heures la région sous peine de mort. Dans l’Ille-et-Vilaine, l’accueil n’est pas plus chaud ; vers la mi-novembre Puisaye est réduit à chercher refuge aux environs de Vitré, retour mélancolique au temps du Comte Joseph : alors il ne redoutait que les Bleus ; les royalistes maintenant lui sont également hostiles. Il essaie de faire encore figure de chef, recrute une garde d’honneur, donne des ordres — qu’on n’exécute pas, nomme des chefs, — qui ne sont pas reconnus. La Chouannerie pourtant n’est pas éteinte ; il reste toujours des irréconciliables : hobereaux élus commandants de légion et qui ne veulent pas renoncer à l’influence ou à la gloriole que ce titre leur confère, non plus qu’aux récompenses qu’il leur vaudra en cas de restauration monarchique. Pour la guerre sournoise et locale qu’ils vont perpétuer, ils recrutent des hommes parmi les désespérés : déserteurs des troupes républicaines, survivants de Loyal-Émi-
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LA MIRLITANTOUILLE