sa jeune femme, — cette séduisante marquise du Grégo entrevue à Coëtlogon, — a rencontré, ou « retrouvé » Hoche, le vainqueur, dont le prestige et la fière beauté l’ont séduite ; qu’elle vit maintenant à l’État-major du héros républicain[1]. La malheureuse va désormais descendre la pente qu’on ne remonte pas : le scandale de ses aventures épouvantera toute la Bretagne ; un fonctionnaire écrira d’elle « qu’elle est l’épouse de tous les généraux… » Pour les attirer, elle sera leur espionne ; c’est elle qui vendra Charette — et bien d’autres ; — et quand, dans quelques mois, on trouvera dans un champ de l’Ille-et-Vilaine, près de Médréac, le cadavre de Pont-Bellenger, on pourra dire, sans se tromper, que « s’il est tombé frappé d’une balle républicaine, ce n’est pas cette balle, mais sa femme, qui l’a tué[2] ».
Par bonheur pour l’Armée rouge que la désertion de son chef voue aux catastrophes, Georges Cadoudal lui reste. Les suffrages de tous se portent sur lui ; il exige une obéissance absolue et s’engage à rame-
- ↑ On ne peut qu’émettre des hypothèses sur la date de la première rencontre de Hoche avec madame de Pont-Bellenger. Hoche était à Rennes le 10 juillet : il y venait conférer avec Aubert-Dubayet. Il se préoccupait alors d’organiser au plus vite l’espionnage. Chassin, Pacifications, III, 490. Est-ce à cette date qu’il aurait conquis et enrôlé la jeune femme ? Est-ce par son influence qu’il aurait obtenu le détournement de l’armée de Tinténiac et sa randonnée vers Coëtlogon ? Le 12, Hoche était de retour à la côte ; le 22, il quittait Quiberon, et c’est peut-être alors seulement qu’il rencontra la coquette marquise.
- ↑ « Beaucoup croient qu’il s’exposa volontairement à la mort par suite du chagrin que lui causaient les scandaleuses relations de son épouse, avec le général Hoche. » (J. Le Falher, Le Royaume de Bignan, 478, n.) Charette avait été pris le 23 mars 1796 ; c’est le 25 que fut tué Pont-Bellenger. Hoche écrivait, le 3 mars 1796 : « La personne qui m’a si bien servi depuis trois mois est la fille de la marquise de Grégo… Les royalistes n’ont pas fait un mouvement ou une intrigue que je n’en aie été instruit sur-le-champ… »