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LA MIRLITANTOUILLE

Quintin où Pont-Bellenger la rejoignit ; son premier soin, en descendant à l’hôtel de la Grandmaison où il établit son quartier général, fut de frapper la ville d’une contribution de cent mille livres. Comme les notables de l’endroit vinrent lui représenter respectueusement l’impossibilité de satisfaire à cette exigence, il se montra bon prince et déclara se contenter de 15.000 francs qui lui furent aussitôt versés et qu’il oublia d’emporter, le lendemain, en quittant l’auberge : la somme ne fut jamais retrouvée. Pour compenser cette étourderie, Pont-Bellenger, en arrivant, le 23, à Châtelaudren, taxa la bourgade à 40.000 francs « d’impositions de guerre », payables dans les vingt-quatre heures et, de ce coup-là, les Morbihannais de Georges Cadoudal se fâchèrent. Ils se débandent, rebroussent chemin vers Quintin. Ils viennent d’apprendre le désastre de Quiberon : toute l’armée de débarquement prisonnière… Les a-t-on amenés si loin pour assurer la victoire de Hoche ? Va-t-on les employer au pillage ? Où les conduit-on ? Que veut-on d’eux ? Un vent de révolte souffle sur l’Armée rouge ; on se porte au quartier général ; on invective, on hue ; la stupeur est grande quand on apprend que Pont-Bellenger a disparu : abandonnant ses troupes, suivi de quelques nobles émigrés, il a gagné une retraite inconnue[1]

Si l’on savait tout, peut-être le plaindrait-on au lieu de l’accuser : ne vient-il pas d’apprendre que

  1. On a dit qu’il fut arrêté par ses soldats au moment où il s’enfuyait, qu’un conseil de guerre improvisé prononça contre lui la peine de mort, mais que Georges Cadoudal prit sur lui de le faire évader. (Georges Cadoudal, par G. de Cadoudal, 108.)