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LA MIRLITANTOUILLE

cousine de Tinténiac dont on a déjà cité le nom, la très riche Louise du Bot, marquise du Grégo qu’il avait épousée en 1788. Émigré dès le début des mauvais jours, Pont-Bellenger n’avait joué aucun rôle marquant dans l’insurrection royaliste[1] ; docile aux insinuations de la noble société réunie à Coëtlogon, il décida que l’Armée Rouge, au lieu de retourner vers Quiberon où son concours eût été sauveur, poursuivrait sa marche vers Saint-Brieuc où rien ne l’appelait. Grossie de quatre à cinq cents hommes amenés de la région de La Nouée par le joyeux Saint-Régent, elle prit sa direction, suivant la piste de correspondance, par Saint-Gilles, Collinée et les crêtes du Mené jusqu’à la Mirlitantouille, se dirigeant sur Plémy et Plœuc pour atteindre la forêt de Lorges. Le Gris-Duval et son beau-frère Kerigant, disposant de tout le pays et en connaissant bien les ressources, se rallièrent à l’État-major de Pont-Bellenger, qui s’arrêta au château de Bosseny, chez Le Gris-Duval, et fit halte, le jour suivant, au manoir de Kerigant, situé au bord de l’Oust, dans la commune du Bodéo.

Comment vivaient ces quatre ou cinq mille hommes dans cette contrée sauvage et pauvre du Mené ? On était au cœur de l’été et les nuits passées dans les landes ou dans les bois ne les contrariaient guère ; mais où trouvaient-ils à se nourrir ? D’après quelques récriminations de municipalités villageoises on devine qu’ils « s’égaillaient » par petits groupes dans la campagne, réclamaient aux mé-

  1. Rentré en Bretagne en décembre 1794, il était de ces émigrés qui, arrêtés avec Prigent, furent mis en liberté lors de la pacification de La Mabilais.