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DUVIQUET

dait donc tous les titres à figurer dans la première fête offerte aux émigrés sur la terre française, d’autant que, au nombre des nobles débarqués de Quiberon comptait son jeune mari qu’elle n’avait pas vu depuis près de trois ans. Pour que les officiers de Puisaye ne manquassent pas de mettre Coëtlogon dans leur itinéraire, on décida de les aviser qu’ils y étaient attendus.

Le chevalier de Margadel[1] se charge d’aller à leur rencontre et de les amener vers l’aimable compagnie qui trépigne de leur faire accueil. Margadel est un des courriers de l’agence de Paris ; il est accouru en Bretagne à l’annonce du débarquement. Il quitte Coëtlogon le 9 juillet, chargé du message des impatientes châtelaines ; suivant la piste de correspondance et guidé par l’émotion que soulève dans les campagnes l’approche des phalanges royalistes, il arrive, dans la nuit du 11 au 12 au romantique château d’Elven où séjourne, lui dit-on, l’état-major. Margadel se présente ; il est reçu : déception ! Ce n’est point une armée qui campe là, mais une troupe de quatre à cinq mille chouans, commandés par Tinténiac ; elle n’est point en marche vers Paris ni vers Rennes ; elle a pour mission d’opérer un mouvement tournant conçu par Puisaye[2]. La situation des émigrés est, en effet, des plus critiques ; les hésitations, les lenteurs, les rivalités de leurs chefs, ont compromis le succès de l’expédition ; Hoche les tient refoulés dans la presqu’île « comme

  1. D’après Puisaye, ce serait le marquis de Talhouët de Bonamour, qui, courrier secret de la correspondance des agents de Paris avec la Bretagne, aurait rapporté à Tinténiac l’ordre supposé de quitter la côte. Mémoires, VI, 407.
  2. Ou plutôt inspiré à Puisaye par Georges Cadoudal.