Pour leur faire fête, pour les attirer, peut-être, elles avaient convié, dans l’espoir de leur arrivée prochaine, plusieurs aimables femmes ou jeunes filles nobles, dévouées comme elles à la bonne cause et connues pour leur courage ou leurs malheurs dans les fastes de la Chouannerie. Coëtlogon n’est qu’à trois lieues du château de Bosseny, où vivait recluse, depuis son deuil, mademoiselle de Kercadio ; les dames de Guernissac l’engagèrent à venir chez elles pour assister au passage de l’armée royale. Soit que la douloureuse fiancée de Boishardy ne pût résister au désir de se trouver à l’honneur après avoir été tant à la peine, soit que sa farouche rancune contre les Bleus l’incitât à ne point manquer le spectacle de leur débâcle, elle accepta l’invitation et se rendit à Coëtlogon. Elle y trouva d’autres héroïnes des guerres civiles[1], dont les noms ne sont point dits, mais au nombre desquelles on a quelque indice que figurait Louise du Bot du Grégo, vicomtesse de Pont-Bellenger. Très jeune[2], fort coquette et spirituelle, extrêmement jolie et aventureuse, elle avait, disait-on, commandé un corps de cavaliers chouans[3] et sabré les Bleus en maintes rencontres ; elle possé-
- ↑ On cite entre autres, « la mère et la sœur de Boishardy ». Puisaye, Mémoires, VI, 420. Mais ce doit être une confusion ; ailleurs, — VI, 407, — Puisaye écrit, « la veuve et la sœur du malheureux Boishardy ». Il croit que celui-ci a épousé mademoiselle de Kercadio.
- ↑ À défaut d’un acte de baptême, il est assez difficile de préciser son âge : en 1815, elle écrivait que « mariée à quinze ans », elle s’était trouvée veuve, « à peine âgée de dix-sept ans ». Comme Pont-Bellanger avait émigré, au plus tard, en 1793, et qu’il ne devait mourir qu’en 1796, on voit que la vicomtesse s’égarait un peu dans ses calculs et se rajeunissait de plusieurs années. » Archives nationales, F7 6149A et 6596.
- ↑ Archives nationales, F7 6596.